Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE V.


CRANTOR.

Crantor, de Soles, jouissait d’une haute estime dans sa patrie lorsqu’il la quitta pour aller à Athènes, où il eut Xénocrate pour maître et Polémon pour compagnon d’étude. Il a laissé des commentaires qui ne forment pas moins de trente mille lignes, et dont certaines parties ont été quelquefois attribuées à Arcésilas. Quelqu’un lui demandait ce qui l’avait séduit dans Polémon, il répondit : « C’est que je ne l’ai jamais entendu élever ni baisser la voix. »

Étant tombé malade, il se retira dans le temple d’Esculape, et là il se mit à se promener ; mais à peine y était-il que de toutes parts on accourut à lui, dans la persuasion qu’il n’était pas malade, et qu’il voulait établir une école dans le temple. Arcésilas y vint de son côté, et quoiqu’il fût ami de Crantor, comme nous le verrons dans la Vie d’Arcésilas, il le pria néanmoins de le recommander à Polémon. Crantor fit mieux : aussitôt après son rétablissement il alla lui-même suivre les leçons de Polémon, ce qui accrut encore l’estime qu’on avait pour lui. On dit qu’il laissa à Arcésilas tout son bien, montant à douze talents. Interrogé par lui sur le lieu où il voulait être enterré, il répondit :

Il convient d’être enseveli dans le sein de la terre chérie.

On dit qu’il avait composé des ouvrages poétiques, qu’il déposa cachetés dans le temple de Minerve, à