Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/221

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Un usurier qui avait des prétentions à l’érudition, ayant dit devant lui qu’il avouait ignorer quelque chose, il lui adressa ces deux vers de l'Ænomaüs de Sophocle :

Les femelles des oiseaux conçoivent sous l’influence des vents, à moins qu’elles n’aient déjà reçu leur faix[1].

Un dialecticien de l’école d’Alexinus expliquait à contre-sens un passage de ce philosophe ; Arcésilas lui cita le trait de Philoxène avec des tuiliers : Philoxène entendant des tuiliers réciter ses vers à rebours, foula aux pieds leurs briques, et leur dit : « Vous gâtez mon ouvrage, je vous rends la pareille. »

Il blâmait vertement ceux qui avaient négligé d’étudier les sciences en temps opportun. Lorsqu’il voulait énoncer un fait dans la discussion, il employait ces expressions : Je déclare ; un tel (en nommant la personne) ne sera pas de cet avis. Beaucoup de ses disciples, non contents de l’imiter en cela, s’efforçaient de copier ses habitudes de langage et toute sa personne. Doué d’un esprit éminemment inventif, il trouvait toujours sous sa main la réponse aux objections, rapportant tous les développements à la question principale, et sachant parfaitement s’accommoder aux circonstances. Il était entraînant et persuasif ; aussi une foule de disciples accouraient-ils à son école, quoiqu’il les traitât assez rudement ; mais comme il était naturellement bon de caractère, et soutenait ses auditeurs par de nobles espérances, ils supportaient volontiers son humeur. Dans la vie privée, il était affable,

  1. Voir sur cette influence des vents, Bayle, art. Hippomanes. — Le second vers renferme un jeu de mots intraduisible, le mot τόκος signifiant faix et usure.