Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/233

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Il avait succédé à Arcésilas, la quatrième année de la cent trente-troisième olympiade, et fut vingt-six ans à la tête de l’Académie. Il mourut d’une paralysie, à la suite d’excès de vin. J’ai fait sur lui ces vers satiriques :

Ô Lacyde, j’ai appris ta destinée ; je sais que, toi aussi, sous l’influence de Bacchus, tu descendis à pas rapides vers Pluton. Peut-on dire après cela que Bacchus, pris à larges traits, ôte les jambes ? Non ! c’est à tort qu’on l’a surnommé Lyæus[1] !




CHAPITRE IX.


CARNÉADE.

Carnéade, fils d’Épicomus, ou, suivant Alexandre, dans les Successions, de Philocomus, était de Cyrène. Après avoir approfondi les ouvrages des stoïciens, et surtout ceux de Chrysippe, il les réfuta, mais avec autant de réserve que de modestie. Souvent on l’entendit s’écrier : « Sans Chrysippe je ne serais pas ce que je suis. » Il aimait l’étude avec passion ; mais il s’attacha plutôt à la morale qu’à la philosophie naturelle. Son ardeur pour le travail l’absorbait tellement qu’il laissait croître ses cheveux et ses ongles. Du reste, telle était son habileté dans la philosophie que les rhéteurs eux-mêmes fermaient leurs écoles pour venir l’entendre. Sa voix était si forte que le directeur du gymnase l’envoya prier un jour d’en modérer les éclats ; il répondit : « Alors, donnez-moi un régulateur pour la voix ; » à quoi l’autre répliqua

  1. Λυαῖος, qui énerve.