Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/269

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dymus rapporte de son côté, dans les Propos de table, qu’une prostituée l’avait surnommé Charitoblepharus[1] et Lampéton[2]. On assure aussi qu’ayant perdu la vue à Alexandrie, il la recouvra par une faveur de Serapis, et qu’en reconnaissance de cette guérison il composa des hymnes qui se chantent encore aujourd’hui.

Quelque respecté qu’il fût à Athènes, l’envie qui s’attache à tout obscurcit sa gloire ; ses ennemis, à force d’intrigues, le firent condamner à mort en son absence. Ne pouvant point sévir contre sa personne, ils assouvirent leur haine sur ses statues ; on les renversa, on vendit les unes, on jeta les autres à la mer, on en fit des vases de nuit ; une seule fut conservée, celle qui se voit à l’Acropole. Phavorinus prétend dans les Histoires diverses que ce fut aux instigations du roi Démétrius que les Athéniens se portèrent à ces excès. Hermippus dit qu’après la mort de Cassandre, Démétrius de Phalère, craignant les mauvaises dispositions d’Antigone, se retira à la cour de Ptolémée Soter, et qu’il y vécut assez longtemps. Il avait, entre autres choses, conseillé à ce prince de transmettre sa couronne aux enfants qu’il avait eus d’Eurydice ; mais Ptolémée ayant, contrairement à cet avis, désigné pour son successeur le fils qu’il avait eu de Bérénice, ce prince, après la mort de son père, fit enfermer Démétrius et ordonna de le garder en prison jusqu’à ce qu’il lui plût de statuer sur son compte. Démétrius en ressentit un violent chagrin ; sur ces entrefaites, il fut mordu à la main par un aspic pendant son sommeil, et succomba à cette blessure. J’ai fait sur lui cette épigramme :

  1. Aux sourcils gracieux.
  2. Étincelant.