Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/27

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Ici la terre a reçu le corps de Linus de Thèbes,
Fils de la muse Uranie à la brillante couronne.

Concluons donc que la philosophie a pris naissance chez les Grecs, comme le prouve d’ailleurs son nom, qui exclut toute idée d’origine étrangère.

Ceux qui en attribuent l’invention aux barbares mettent aussi en avant Orphée de Thrace, philosophe véritable selon eux, et l’un des plus anciens. Mais faut-il appeler philosophe un homme qui a débité de pareilles sottises sur le compte des dieux ? Pour moi, je ne sais quel nom donner à celui qui attribue aux dieux toutes les faiblesses humaines, même ces honteuses prostitutions qui souillent l’organe de la parole, et dont on ne trouve que peu d’exemples parmi les hommes. L’opinion commune est qu’il mourut déchiré par des femmes ; mais son épitaphe, qui est à Dium, en Macédoine, porte qu’il fut frappé de la foudre :

Le chantre à la lyre d’or, Orphée de Thrace, a été enseveli ici par les muses ;
Le roi d’en haut, Jupiter, l’a frappé de ses traits enflammés.

Ceux qui vont chercher l’origine de la philosophie chez les barbares, indiquent aussi les particularités de leurs doctrines. Ainsi ils disent que les gymnosophistes et les druides s’énonçaient en termes énigmatiques et sententieux, qu’ils recommandaient d’honorer les dieux, de s’abstenir du mal et de s’exercer au courage. On trouve aussi dans le douzième livre de Clitarque que les gymnosophistes professaient le mépris de la mort. Les chaldéens étaient livrés à l’étude de l’astronomie et à la divination. Les mages vaquaient au culte des dieux, aux sacrifices et aux