Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/303

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qu’il se chauffait au soleil dans le Cranium[1], et lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras. — Retire-toi de mon soleil, » reprit Diogène.

Il avait assisté à une longue lecture qui touchait à son terme, et déjà le lecteur montrait qu’il n’y avait plus rien d’écrit : « Courage, amis, dit Diogène, je vois terre. »

Un sophiste tirait pour conclusion d’un syllogisme, qu’il avait des cornes ; il se toucha le front et dit : « Je n’en sens pas. » Un autre ayant nié le mouvement, il se leva et se mit à marcher. Entendant quelqu’un discourir sur les phénomènes célestes, il lui dit : « Depuis quand es-tu revenu du ciel ? »

Un eunuque de mauvaise vie avait écrit au-dessus de sa porte : « Que rien de mauvais n’entre ici. » Et le maître de la maison, dit Diogène, par où entrera-t-il ? »

Un jour il se parfuma les pieds, sous prétexte que de la tête les parfums se dissipaient dans l’air, mais que des pieds ils montaient à l’odorat.

Les Athéniens l’engageaient à se faire initier, et lui disaient que les initiés occupaient les premiers rangs aux enfers. « Ne serait-il pas ridicule, dit-il, qu’Agésilas et Épaminondas croupissent dans la boue, et que des gens de rien, par cela seul qu’ils auraient été initiés, habitassent les îles des bienheureux ? »

Apercevant des souris qui grimpaient sur sa table : « Voyez, dit-il, Diogène aussi nourrit des parasites. »

Platon l’ayant un jour appelé chien, il répliqua : « Tu as raison, car je suis retourné auprès de ceux qui m’avaient vendu[2]. »

  1. Gymnase et bois sacré à Corinthe.
  2. Allusion à ce que Platon, vendu par ordre de Denys, était retourné en Sicile.