Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/309

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mener paître ses moutons : « Brave homme, lui dit-il, tu es bien vite passé d’Olympie à Némée[1]. »

On lui demandait pourquoi les athlètes sont insensibles : « C’est, dit-il, qu’ils sont bâtis de chair de bœuf et de pourceau. »

Il sollicitait un jour une statue, et comme on lui en demandait la raison : « Je veux, dit-il, m’habituer aux refus. »

Il disait à quelqu’un en lui demandant l’aumône (car au commencement la misère l’avait réduit à cette extrémité) : « Si tu as déjà donné à d’autres, donne-moi aussi, et si tu n’as encore donné à personne commence par moi. »

Un tyran lui demandait quel était le meilleur airain pour faire des statues : « C’est, répondit-il, celui dont on a fait les statues d’Harmodius et d’Aristogiton. »

Quelqu’un lui ayant demandé comment Denys traitait ses amis, il répondit : « Comme on traite une bourse ; on la serre précieusement quand elle est pleine ; on la jette quand elle est vide. »

Un nouveau marié avait écrit au-dessus de sa porte : « Le fils de Jupiter, Hercule, l’illustre vainqueur habite ici ; que rien de mauvais n’y entre. » Diogène ajouta : « Troupes auxiliaires après la guerre finie. »

Il disait que l’avarice est la mère de tous les vices. Voyant un prodigue manger des olives dans une taverne, il lui dit : « Si tu avais dîné ainsi, tu ne souperais pas ainsi[2]. » Il disait encore que l’homme vertueux est l’image des dieux, et que l’amour est l’occupation des oisifs.

« Quelle est, lui disait-on, la condition la plus mi-

  1. Jeu de mots sur νεμέα qui signifie aussi « pâturage. »
  2. Si tu avais commencé par être économe, tu ne serais pas réduit maintenant à la disette.