Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/350

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contact de leurs haillons ; enfin il fit si bien qu’il se débarrassa de lui.

Il disait que rien n’est plus déplacé que l’orgueil, surtout chez les jeunes gens ; qu’il ne faut pas s’attacher à retenir les mots et les phrases d’un discours, mais s’appliquer à en pénétrer le sens et à en saisir la portée, au lieu de l’avaler comme un bouillon ou quelque autre aliment. Il recommandait aux jeunes gens la plus scrupuleuse réserve dans leur démarche, leur extérieur, leur habillement, et citait souvent ces vers d’Euripide sur Capanée :

Il était riche et pourtant il ne faisait nullement parade de sa fortune ; il n’était pas plus fier que le dernier des pauvres.

Il avait pour maxime que rien ne rend moins propre aux sciences que la poésie, et que la chose dont nous sommes le plus pauvres est le temps. On lui demandait ce que c’est qu’un ami : « Un autre moi-même, » dit-il.

Un esclave qu’il fouettait pour l’avoir volé lui dit : « Il était dans ma destinée de voler. — Et d’être battu, » ajouta Zénon.

Il disait que la beauté est la fleur de la voix, ou, selon d’autres, que la voix est la fleur de la beauté. Voyant l’esclave d’un de ses amis tout meurtri de coups, il dit à ce dernier : « J’aperçois les traces de ta colère. » Une autre fois il s’écria, à la vue d’un homme parfumé : « Quel est celui-ci qui sent la femme ? »

Denys le transfuge lui demandait pourquoi il était le seul à qui il n’adressât jamais de réprimande : « C’est, répondit-il, que je n’ai pas bonne opinion de toi. »

Entendant un jeune garçon débiter des fadaises, il lui dit : « Nous avons deux oreilles et une seule bouche, pour écouter beaucoup et parler peu. »