Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/377

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tions, des biens et des maux, des passions, de la vertu, de la fin de l’homme, du premier mérite, des devoirs, des exhortations, art de dissuader. Telle est du moins la division adoptée par Chrysippe, Archédémus, Zénon de Tarse, Apollodore, Diogène, Antipater et Posidonius ; car Zénon de Citium et Cléanthe étant plus anciens, ont traité plus simplement ces matières et se sont plutôt attachés à diviser la logique et la physique.

Les stoïciens prétendent que la première tendance de l’animal a pour objet sa propre conservation, et que dès l’origine la nature l’a intéressé à lui-même. Chrysippe dit en effet, dans le premier livre des Fins, que le premier désir de tout animal est de vivre et de se sentir vivre ; qu’il n’était pas possible que la nature le rendît indifférent à lui-même et étranger à tout sentiment personnel ; qu’elle a dû par conséquent déposer en lui l’amour de soi, et que c’est pour cela qu’il évite ce qui lui nuit et recherche ce qui est approprié à sa nature. Quant à l’opinion adoptée par quelques philosophes, que le premier mouvement des animaux les porte vers le plaisir, les stoïciens la combattent comme erronée : le plaisir, disent-ils, n’est qu’un sentiment accessoire, si tant est qu’il y ait plaisir lorsque la nature arrive à son but en cherchant d’elle-même et spontanément ce qui convient à sa constitution ; car les animaux s’épanouissent dans la joie, fatalement en quelque sorte, de la même manière que croissent les plantes ; sous certains rapports la nature n’a mis aucune différence entre les animaux et les plantes : elle gouverne, il est vrai, celles-ci sans le secours des penchants et des sentiments ; mais nous aussi nous sommes plantes à quelques égards. Que si l’animal a de plus les penchants qui concourent à le