Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/390

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à le saisir, et faisant pour cela de vains efforts. La haine est le désir de nuire à quelqu’un, désir qui croît et se développe incessamment ; l’obstination est le désir de faire prévaloir son opinion ; la colère est le désir de châtier celui par lequel on se croit lésé injustement ; l’amour est un sentiment que n’éprouve point un esprit élevé, car c’est le désir de se concilier l’affection uniquement par le moyen de la beauté extérieure. La rancune est une colère sourde, invétérée, et qui épie le moment ; elle est décrite dans ces vers :

Aujourd’hui il concentre sa bile, mais intérieurement il nourrit son ressentiment et médite sa vengeance[1].
L’emportement est la colère au début.

La volupté est un transport aveugle de l’âme en vue d’un objet qui paraît désirable. Elle comprend la délectation, la malveillance, la jouissance, les délices. La délectation est une volupté qui pénètre et amollit l’âme par l’intermédiaire de l’ouïe ; la malveillance est la volupté qu’on ressent du malheur d’autrui ; la jouissance est une sorte de renversement de l’âme, une inclination au relâchement ; les délices sont l’énervement de la vertu.

De même que le corps est sujet à des maladies de langueur, comme la goutte et les rhumatismes, de même aussi on trouve dans l’âme des langueurs particulières, l’amour de la gloire, l’attachement aux plaisirs, etc. La langueur est une maladie accompagnée d’épuisement, et, pour l’âme, la maladie est un attachement violent à un objet qu’on regarde à tort comme désirable. Le corps est aussi exposé à certains désor-

  1. Homère, Iliade, I, 81 et 82.