Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/400

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et même être. Dieu existe par lui-même d’une existence absolue. Au commencement, il changea en eau toute la substance qui remplissait les airs et de même que dans la génération les germes des êtres sont enveloppés, de même aussi Dieu, qui est la raison séminale du monde, resta enveloppé dans la substance humide, assouplissant la matière dont il devait plus tard tirer les autres êtres. À cette fin, il produisit d’abord les quatre éléments, le feu, l’eau, l’air et la terre.

Cette partie de la question est traitée par Zénon dans l’ouvrage sur l’Univers, par Chrysippe dans le premier livre de la Physique, et par Archédémus dans un traité particulier sur les Éléments. Par élément ils entendent la matière première dont viennent les êtres et dans laquelle ils se résolvent en dernière analyse. Les quatre éléments pris ensemble constituent la substance indéterminée, la matière. Le feu est chaud, l’eau humide, l’air froid et la terre sèche ; cette dernière qualité toutefois est aussi commune à l’air. Dans la région la plus élevée est le feu qu’ils appellent éther, au milieu duquel s’est formée la première sphère, celle des étoiles fixes, et ensuite celle des astres errants. Vient ensuite l’air, puis l’eau, et en dernier lieu la terre qui occupe le centre du monde.

Ils prennent le mot monde dans trois sens : par là ils entendent Dieu lui-même, l’être impérissable, incréé, artisan de l’ordre du monde, qui a pour manifestation propre la substance universelle, et qui, après certaines périodes de temps, absorbe en soi cette substance, pour l’en tirer ensuite et produire de nouveau. Ils appellent aussi monde l’arrangement des astres ; enfin ils désignent par ce mot l’ensemble des deux idées précédentes. Le monde est la substance universelle, prise dans l’ensemble de ses manifestations, ou,