Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/425

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Il y a eu un autre Chrysippe, médecin de Cnide, auquel Érasistrate avoue devoir beaucoup ; un troisième, fils de celui-ci, et médecin de Ptolémée, fut publiquement battu de verges et mis à mort, victime d’injustes calomnies. On cite encore un autre médecin de ce nom, disciple d’Érasistrate, et un écrivain, auteur de géorgiques.

Voici quelques-uns des raisonnements de notre philosophe : Celui qui dévoile les mystères aux profanes commet une impiété ; l’hiérophante les découvre aux profanes, donc l’hiérophante est un impie. — Ce qui n’est pas dans la ville n’est pas non plus dans la maison ; il n’y a pas de puits dans la ville ; donc il n’y en a pas dans la maison. — S’il y a quelque part une tête, vous ne l’avez point ; or, il y a quelque part une tête que vous n’avez point : donc vous n’avez pas de tête. — Si quelqu’un est à Mégare, il n’est pas à Athènes ; or, il y a des hommes à Mégare, donc il n’y a pas d’hommes à Athènes. — Si vous parlez d’une chose, elle vous passe par la bouche ; or, vous parlez d’un char, donc il vous passe un char par la bouche. — Vous avez ce que vous n’avez pas perdu ; vous n’avez pas perdu de cornes ; donc vous avez des cornes. D’autres attribuent ce dernier argument à Eubulide.

On a accusé Chrysippe d’avoir publié des choses obscènes et infâmes : ainsi, dans le traité des anciens Physiciens, il imagine de sales détails sur Junon et Jupiter, et donne une pièce de six cents vers, qu’on ne peut prononcer sans se salir la bouche. Cette histoire obscène est, dit-on, de son invention, quoiqu’il l’attribue aux anciens physiciens[1] ; elle convient mieux

  1. Les auteurs mythologiques.