Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/435

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successivement passé, ce qu’elle avait éprouvé aux enfers, ce qu’elle avait vu endurer aux autres. Après la mort d’Euphorbe son âme avait passé dans le corps d’Hermotime, et celui-ci, pour prouver qu’il avait été Euphorbe, était allé au temple d’Apollon[1] dans le quartier des Branchides, et avait montré le bouclier qu’y avait consacré Ménélas. C’était, disait-il, à son retour de Troie que Ménélas avait consacré ce bouclier, maintenant pourri et dont il ne restait plus que la plaque d’ivoire. Hermotime mort, il était devenu Pyrrhus, le pêcheur de Délos, et, gardant un souvenir exact du passé, il se rappelait alors avoir été d’abord Éthalide, puis Euphorbe, ensuite Hermotime et enfin Pyrrhus. Après la mort de Pyrrhus il était devenu Pythagore et avait conservé les mêmes souvenirs.

Quelques auteurs prétendent que Pythagore n’a laissé aucun ouvrage ; mais cela n’est pas sérieux, car Héraclite le physicien fait entendre assez expressément le contraire : « Pythagore, fils de Mnésarchus, dit-il, est de tous les hommes celui qui a le plus puisé aux sources historiques ; il a fait un choix dans tous les ouvrages et en a composé sa propre sagesse, fort érudite sans doute, mais fort mal ordonnée. » Héraclite s’exprime ainsi parce que Pythagore, dans l’exorde de son traité de la Nature, emploie ces expressions : « Non, par l’air que je respire, par l’eau que je bois, le blâme ne m’atteindra pas pour cet écrit. » Pythagore a laissé trois traités : sur l’Éducation, sur la Politique et sur la Nature. Quant à l’ouvrage qu’on lui attribue aujourd’hui, il est de Lysis de Tarente, philosophe pythagoricien, qui s’étant réfugié à Thèbes, y fut maître d’Épaminondas. Héra-

  1. Apollon Didyméen.