Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/459

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de politique ; mais Héraclide, fils de Sarapion, prétend que les tragédies sont d’un autre. Hiéronymus prétend avoir eu entre les mains quarante-trois tragédies d’Empédocle. Néanthe dit qu’Empédocle les avait composées dans sa jeunesse, et il assure également les avoir possédées. Satyrus rapporte dans les Vies qu’il était aussi médecin et excellent rhéteur ; et en effet il eut pour disciple Gorgias de Léontium, auteur d’un traité sur la rhétorique, et l’un des hommes qui se sont le plus distingués dans cet art. Gorgias vécut jusqu’à l’âge de cent neuf ans, d’après les Chroniques d’Apollodore, et il racontait lui-même, au dire de Satyrus, avoir connu Empédocle exerçant la magie. C’est ce qu’on peut du reste inférer des poëmes d’Empédocle, car il y dit entre autres choses :

Tu apprendras de moi les philtres contre les maladies et la vieillesse, car pour toi seul je les préparerai tous. Tu arrêteras la fureur indomptable des vents qui, s’élançant sur la terre, dessèchent les moissons de leur haleine ; puis d’un mot lu lanceras de nouveau l’orage obéissant. Aux noires tempêtes tu feras succéder une bienfaisante sécheresse ; à la sécheresse brûlante les pluies fécondes qu’apportent les vents d’été. Tu évoqueras des enfers les ombres des morts.

Timée rapporte qu’il excita l’admiration à plus d’un titre : Ainsi, les vents étésiens étant venus à souffler avec une violence telle qu’ils anéantissaient les moissons, il ordonna d’écorcher des ânes, fit faire des outres de leur peau, et les envoya placer sur les collines et le sommet des montagnes pour arrêter le vent. Il cessa en effet, et Empédocle fut surnommé le maître des vents. C’est lui, suivant Héraclide, qui suggéra à Pausanias ce qu’il a écrit sur la léthargique. Il était épris de Pausanias, au dire d’Aristippe et de Satyrus,