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CHAPITRE II.


SOLON.

Solon, de Salamine, était fils d’Execestidas. Il débuta dans son administration en faisant voter la loi Sisachthia, qui portait affranchissement des personnes et des biens. Jusque-là, beaucoup de citoyens engageaient leur liberté pour emprunter, et étaient réduits par le besoin à la condition de mercenaires ; on lui devait à lui-même sept talents sur l’héritage de son père ; il en fit remise, et par là engagea les autres à agir de même. On voit aisément pourquoi cette loi fut appelée Sisachthia, ou loi de décharge. Il proposa ensuite d’autres lois, qu’il serait trop long de rapporter ici, et les fit graver sur des tables de bois.

Voici l’un des traits les plus remarquables de sa vie : Les Athéniens et les Mégariens se disputaient la possession de Salamine, sa patrie ; mais les Athéniens, plusieurs fois vaincus, avaient fini par rendre un décret portant peine de mort contre quiconque proposerait de reconquérir cette île. Alors Solon, simulant la folie, s’avança, une couronne sur la tête, au milieu de la place publique ; là, il fit lire par le héraut une pièce de vers dont le sujet était Salamine, et il excita un tel enthousiasme que les Athéniens reprirent les armes contre ceux de Mégare, et furent vainqueurs.

Les vers qui firent le plus d’impression sur le peuple sont ceux-ci :

Que ne suis-je né à Pholégandre[1], ou à Sicine[2],

  1. L’une des Sporades.
  2. Île près de la Crète.