Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/47

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Plutôt qu’à Athènes ! Que ne puis-je changer de patrie !
Partout autour de moi j’entendrai ces mots injurieux :
« Voici un de ces Athéniens qui ont abandonné Salamine. »

Et plus loin :

Allons à Salamine, allons reconquérir cette terre précieuse, et secouer le poids de notre honte.

Il persuada aussi aux Athéniens de conquérir la Chersonèse de Thrace. Quant à Salamine, pour que l’occupation parût fondée sur le droit, non moins que sur la force, il fit ouvrir quelques tombeaux et montra que les morts étaient tournés vers l’orient, conformément à la coutume athénienne ; que les tombeaux eux-mêmes affectaient cette direction, et que les inscriptions indiquaient la tribu à laquelle le mort appartenait, usage également athénien. On dit aussi qu’à ce vers d’Homère dans l’énumération des vaisseaux :

Ajax amena douze vaisseaux à Salamine[1],

il ajouta celui-ci :

Et il alla se joindre aux guerriers athéniens.

À partir de ce moment, le peuple lui accorda toute sa confiance, au point qu’on l’eût vu avec plaisir s’emparer de la tyrannie. Mais bien loin d’y consentir, il empêcha de tout son pouvoir, au dire de Sosicrate, l’usurpation de Pisistrate, son parent, dont il avait pénétré les ambitieux desseins. Un jour même il se présenta dans l’assemblée, armé de la lance et du bouclier, et dénonça les intrigues de Pisistrate. Il fit

  1. Iliade, II, 557.