Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/509

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Posidonius rapporte de lui le trait suivant : surpris par une tempête, et voyant ses compagnons consternés, il resta calme et, pour relever leur courage, il leur montra un pourceau qui mangeait à bord du vaisseau, et leur dit que le sage devait avoir la même tranquillité et la même confiance. Numenius est le seul qui ait prétendu qu’il avait des dogmes positifs.

Pyrrhon a eu des disciples célèbres, entre autres Euryloque, dont on cite ce trait d’inconséquence : Un jour, dit-on, il s’irrita tellement contre son cuisinier, qu’il saisit une broche chargée de viande et le poursuivit ainsi jusqu’à la place publique. Une autre fois, fatigué des questions qu’on lui adressait dans une discussion à Élis, il jeta son manteau et se sauva en traversant l’Alphée à la nage. Timon dit qu’il était l’ennemi déclaré des sophistes ; Philon, au contraire, aimait à discuter ; de là ces vers de Timon :

Fuyant les hommes, tout entier à l’étude, il converse avec lui-même,
Sans s’inquiéter de la gloire et des disputes où se complaît Philon.

Pyrrhon eut encore pour disciples Hécatée d’Abdère, Timon de Phlionte, l’auteur des Silles, dont nous parlerons plus tard, et Nausiphane de Téos, que quelques-uns donnent pour maître à Épicure. Tous ces philosophes s’appelaient pyrrhoniens, du nom de leur maître, ou bien encore aporétiques[1], sceptiques[2], éphectiques[3] et zététiques[4]. Ils s’appelaient zététiques parce qu’ils cherchaient partout la vérité ; sceptiques,

  1. Douteurs.
  2. Observateurs.
  3. Qui suspendent leur jugement.
  4. Chercheurs.