Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/512

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hautes questions ne faisons point de conjectures téméraires. » Ils invoquent encore Hippocrate, qui dit que « toute opinion est douteuse et purement humaine. » Enfin ils citent Homère qui avait dit avant tous ces auteurs[1] :

La langue des mortels est changeante, inconstante en ses discours ;
et :

On peut parler beaucoup dans un sens et dans l’autre ;
et :

Telles seront vos paroles, telle sera la réponse.

Ce qui veut dire que les raisons pour et contre ont même valeur.

Les sceptiques combattaient les doctrines de toutes les écoles et n’en proposaient aucune pour leur compte. Ils se contentaient d’énoncer, d’exposer les opinions des autres, sans rien affirmer eux-mêmes, pas même qu’ils n’affirmaient rien. Dire « nous n’affirmons rien » c’eût été déjà affirmer quelque chose ; ils supprimaient donc jusqu’à cette dernière affirmation. « Nous énonçons, disaient-ils, les doctrines des autres pour montrer notre complète indifférence ; c’est comme si nous exprimions la même chose par un simple signe. Ainsi ces mots nous n’affirmons rien, indiquent l’absence de toute affirmation, comme ces autres propositions : Pas plus une chose qu’une autre, — À toute raison est opposée une raison égale, et toutes les maximes semblables. » Les mots pas plus que, ont quelquefois un sens affirmatif et indiquent l’égalité de

  1. Iliade, XX, 248, 249, 250.