Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/536

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le jour par suite de ses excès de table. Il prétend n’avoir pu lui-même échapper qu’avec beaucoup de peine à cette philosophie nocturne et à ces mystérieuses réunions. Il l’accuse d’une honteuse ignorance en toutes choses, mais surtout pour ce qui concerne la conduite de la vie ; puis il continue ainsi : « Épicure était tellement épuisé par la débauche, que pendant nombre d’années il n’avait pu sortir de sa litière ; et cependant il dépensait journellement une mine pour sa table, comme il l’avoue lui-même dans une lettre à Léontium et dans celles aux philosophes de Mitylène. Il vivait, avec Métrodore, dans la compagnie d’une foule de prostituées, entre autres de Marmarium, d’Hédia, d’Hérotium, de Nicidium. Il se répète sans cesse dans les trente-sept livres sur la Nature ; il y attaque les autres philosophes, et en particulier Nausiphane, dont il dit mot pour mot : « Si jamais bouche a vomi la forfanterie sophistique et le langage trivial des esclaves, ce fut assurément celle de Nausiphane. » Il dit encore dans les Lettres sur Nausiphane : « Cela l’avait tellement exaspéré qu’il m’accablait d’injures et se vantait d’avoir été mon maître. » Épicure traitait encore Nausiphane de stupide, d’ignorant, de fourbe, de prostitué. Il appelait les disciples de Platon les flatteurs de Denys, et Platon lui-même, le doré ; Aristote, selon lui, était un prodigue qui, après avoir mangé son patrimoine, avait été réduit à se faire soldat et à vendre des drogues. Il appelait Protagoras portefaix, scribe de Démocrite, maître d’école de village. Il donnait à Héraclite le surnom de bourbeux ; à Démocrite celui de Lérocrite, ou éplucheur de riens ; à Antidore celui de Sénidore, ou chasseur aux présents ; enfin, il disait que les cyniques étaient les ennemis de la Grèce ; que les dialecticiens crevaient