Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/569

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ait au fond d’analogie réelle ; car les phénomènes célestes peuvent tenir pour leur production à plusieurs causes différentes[1]. Néanmoins il faut observer les apparences de chacun, et distinguer les diverses circonstances qui s’y rattachent et qui peuvent être expliquées de diverses manières, au moyen des phénomènes analogues accomplis sous nos yeux.

Le monde est l’ensemble des choses embrassées par le ciel, contenant les astres, la terre[2] et tous les objets visibles. Cet ensemble, séparé de l’infini, est terminé par des extrémités rares ou denses, en mouvement ou en repos, rondes, triangulaires ou de toute autre forme, dont la dissolution doit amener la ruine de tout ce qu’elles embrassent. En effet, l’extrémité du monde peut affecter ces divers caractères, et même aucun des phénomènes ne s’oppose à la conception d’un monde sans extrémités déterminées. On peut aisément concevoir aussi qu’il y a une infinité de mondes de ce genre, et qu’un de ces mondes peut se produire ou dans un autre monde particulier, ou dans l’intervalle qui sépare les différents mondes, en un mot dans un espace mêlé de plein et de vide ; mais non pas, comme le prétendent quelques philosophes, dans l’immensité d’un espace absolument vide. Cette production d’un monde peut s’expliquer ainsi : des semences, convenablement appropriées à cette fin, peuvent émaner soit d’un ou de plusieurs mondes, soit de l’intervalle qui les sépare ; elles s’écoulent vers un point particulier où elles s’agglomèrent et s’organisent ; puis d’autres germes viennent les agglutiner entre elles, de manière à en former un ensemble durable, une base, un noyau auquel viennent se

  1. Je supprime ici la négation avec les manuscrits de la Bibliothèque royale. Voici du reste le raisonnement simplifié : Nous ne sommes pas assurés, en expliquant les phénomènes célestes au moyen des analogies que présentent avec eux ceux que nous observons autour de nous, de donner la véritable raison des premiers ; car leur production peut être expliquée de diverses manières. Néanmoins il faut observer les différentes circonstances des phénomènes célestes et indiquer les analogies que présentent avec eux les faits sensibles. Par ce moyen on n’a pas la vérité d’une manière absolue, mais on en sait autant qu’il en faut pour n’être pas épouvanté par ces phénomènes ; on sait qu’ils peuvent s’expliquer physiquement ; peu importe après cela de quelle manière.
  2. Manuscrit : Ἄστρα τε καὶ γῆν καὶ π.