Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/601

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est créateur[1]. Plotin, pendant longtemps, n’écrivit absolument rien ; il se contentait d’emprunter aux doctrines d’Ammonius le fonds de ses leçons. Il passa ainsi dix années entières, renfermé dans son école avec quelques amis, sans rien publier. Dans ses entretiens avec ses disciples, il leur permettait de l’interroger à leur gré, ce qui amenait souvent beaucoup de désordre et une foule de discussions oiseuses à ce que m’a dit Amélius.

Plotin était depuis trois ans à Rome lorsque Amélius s’attacha à lui, la troisième année du règne de Philippe ; il ne le quitta pas jusqu’à la première année du règne de Claude, c’est-à-dire l’espace de vingt-quatre ans. Amélius, lorsqu’il commença à suivre les leçons de Plotin, possédait déjà de nombreuses connaissances philosophiques puisées dans les entretiens de Lysimaque ; aucun de ses contemporains ne l’égalait pour l’opiniâtreté au travail : ainsi il avait copié et apporté avec lui presque tous les ouvrages de Numénius, et en avait même appris par cœur la plus grande partie. Il avait aussi résumé les leçons auxquelles il avait assisté dans des espèces de commentaires, formant environ cent livres, dont il fit présent à Hostilianus Hésychius, d’Apamée, son fils adoptif.

  1. Ότι μόνος ποιητής ό βασιλεύς. La plupart des historiens ont traduit : « que le roi seul est poëte, » voyant là une flatterie à l’adresse des prétentions poétiques de Galien. Une telle idée me semble tellement ridicule, que j’ai mieux aimé donner à cette phrase un sens philosophique et entendre par βασιλεύς le roi de l’univers. Aristote (Met. XII, ch. X) a dit dans le même sens : ούχ άγαθόν πολυχοιρανίη εξς χοίρανος.