Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/613

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fussent venus à l’encontre, par jalousie, par haine, ou pour tout autre motif.

Dans la discussion, il avait l’élocution facile, l’intelligence prompte et la repartie vive. Cependant sa prononciation était quelquefois vicieuse : au lieu d’άναμιμνήσχεται, il disait : άναμμνημίσχεται[1], et de même pour quelques autres mots ; même en écrivant, il conservait cette orthographe fautive. Lorsqu’il parlait, tout le feu de son intelligence brillait dans ses yeux et illuminait ses traits ; d’un aspect naturellement agréable, il était alors véritablement beau. Une légère moiteur couvrait son visage, où se réfléchissait la bienveillance de son âme ; on ne savait ce qu’il fallait le plus admirer, de l’affabilité avec laquelle il accueillait les objections, ou de la force de ses réponses. Il m’arriva de l’interroger pendant trois jours entiers, sur l’union de l’âme et du corps, sans qu’il se lassât de me répondre. Un certain Thaumasius étant entré pendant qu’il discutait de cette manière une question générale, déclara qu’il aimait à trouver ces sortes de questions traitées dans les ouvrages de Plotin, mais qu’il ne pouvait supporter cette discussion orale ralentie et embarrassée par les réponses et les interrogations de Porphyre. Plotin lui répondit : « Si je n’avais préalablement résolu les difficultés dans la discussion, en réfutant les objections de Porphyre, je ne pourrais pas donner dans un livre une solution complète et sans réplique. »

XIII.

Dans ses ouvrages, il est nerveux et plein de choses ; on y trouve plus de pensées que de mots. Son style

  1. C’est comme si l’on disait « se sounevir » au lieu de « se souvenir. »