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ANAXIMÈNE À PYTHAGORE.

Un funeste accident nous a enlevé Thalès au milieu d’une belle vieillesse[1]. Il était sorti la nuit, selon sa coutume, en compagnie d’une servante, pour étudier les astres. Mais, trahi par sa mémoire, il tomba, tout en observant, dans une fosse profonde. Telle fut la fin de l’astronome de Milet. Nous qui l’avons eu pour maître, conservons le souvenir de ce grand homme ; transmettons-le à nos enfants et à nos disciples, et que sa doctrine soit toujours notre règle. Saluons dans Thalès celui qui a inauguré tous nos travaux.

ANAXIMÈNE À PYTHAGORE.

Tu as agi plus sagement que nous en émigrant de Samos à Crotone où tu vis en paix ; car les descendants d’Éacus accablent de maux tes compatriotes. Milet n’est pas non plus délivré de la tyrannie. Joins à cela les menaces que nous adresse le roi des Mèdes pour nous forcer à devenir ses tributaires. Les Ioniens se préparent à déclarer la guerre aux Mèdes pour la liberté commune ; mais, la guerre engagée, nous n’avons plus aucune espérance de salut. Comment donc Anaximène pourrait-il s’appliquer à la contemplation des choses célestes, menacé qu’il est de la mort ou de l’esclavage ? Quant à toi, les Crotoniates t’aiment ; les habitants de la grande Grèce t’estiment ; la Sicile même te fournit des disciples.




CHAPITRE III.


ANAXAGORE.

Anaxagore, de Clazomène, fils d’Hégésibulus, ou d’Eubulus, eut pour maître Anaximène. Il ajouta le premier l’intelligence à la matière. Son livre, écrit

  1. Je lis Θαλῆς ἐκ καλοῦ ἔτι γήρως.