Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/6

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tation eſt commune & égale. Sans doute nulle claſſe de Citoyens n’eſpère conſerver en ſa faveur une repréſentation partielle, séparée & inégale. Ce ſeroit un monſtre en politique ; il a été abattu pour jamais.

Remarquez, Meſſieurs, une autre conſéquence du ſyſtême que je combats ici. Si le ſuffrage d’un Votant pouvoit valoir deux ſuffrages en nombre, il n’y auroit plus de raiſon pour que la même autorité qui lui a accordé ce Privilège politique, ne pût lui accorder celui de peſer autant que dix, que mille ſuffrages. Vous voyez, Meſſieurs, que de là, à les valoir tous, à les remplacer tous, il n’y a qu’un pas. Si une volonté peut valoir numériquement deux volontés dans la formation de la Loi, elle peut en valoir 25 millions. Alors la Loi pourra être l’expreſſion d’une ſeule volonté ; alors le Roi pourra ſe dire ſeul Repréſentant de la Nation. Nous obſervions il y a un inſtant que l’inégalité des droits politiques nous ramenoit à l’Ariſtocratie : il eſt clair que ce ſyſtême odieux ne ſeroit pas moins propre à nous plonger dans le plus abſurde Deſpotiſme.

Il faut donc reconnoître & ſoutenir que toute volonté individuelle eſt réduite à ſon unité numérique ; & ne croyez pas que l’opinion que nous nous formons d’un Repréſentant, élu par un grand nombre de Citoyens, détruiſe ce principe. Le Député d’un Bailliage eſt immédiatement choiſi par ſon