Page:Discours sur la liberté des opinions religieuses (Rabaut Saint-Etienne, 1789).djvu/16

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leur faire aimer une patrie qui les proscrivoit et les chassoit de son sein. — Vous êtes trop sages, Messieurs, pour penser qu’il vous soit réservé de faire ce que n’ont pu les hommes qui ont existé depuis six mille ans, de réduire tous les hommes à un seul et même culte, vous ne croyez pas qu’il soit réservé à l’Assemblée Nationale de 1789, de faire disparoître une vérité qui existe toujours, ni que vous ayez un droit dont votre Dieu lui-même ne veut pas faire usage.

Je supprime, Messieurs, une foule de motifs qui vous rendroient intéressans et chers, deux millions d’infortunés, ils se présenteraient à vous teints encore du sang de leurs pères ; ils vous montreraient les empreintes de leurs propres fers. Ma patrie est libre, et je veus oublier comme elle ; j’oublierai jusqu’aux maux plus grands encore dont nous avons été seuls la victime : ce que je demande, c’est qu’elle se montre digne de la liberté, en la distribuant également à tous les citoyens, sans distinction de rang, de naissance et de religion, et que vous donniez aux dissidens tout ce que vous prenez pour vous-même.

Je conclus donc, Messieurs, à ce qu’en attendant que vous statuiez sur l’abolition des lois concernant les non-Catholiques, et que vous