quarante-un rois et trois cent quarante-un grands-prêtres, en
trois cent quarante-une générations, pendant onze mille trois cent
quarante ans ; et dans cet intervalle, comme pour servir de garant
à leur chronologie, ces prêtres assuraient que le soleil s’était levé
deux fois où il se couche, sans que rien eût changé dans le climat
ou dans les productions du pays, et sans qu’alors ni auparavant
aucun dieu se fût montré et eût régné en Égypte.
À ce trait qui, malgré toutes les explications que l’on a pu en donner, prouvait une si grossière ignorance en astronomie, ils ajoutaient sur Sésostris, sur Phéron, sur Hélène, sur Rhampsinite, sur les rois qui ont fait construire les pyramides, sur un conquérant éthiopien, nommé Sabacos, des contes tout-à-fait dignes du cadre où ils étaient enchâssés.
Les prêtres de Thèbes firent mieux ; ils montrèrent à Hérodote,
et auparavant ils avaient montré à Hécatée, trois cent quarante-cinq
colosses de bois, représentant trois cent quarante-cinq grands-prêtres
qui s’étaient succédés de père en fils, tous hommes, tous nés l’un
de l’autre, mais qui avaient été précédés par des dieux[1].
D’autres Egyptiens lui dirent avoir des registres exacts, non-seulement du règne des hommes, mais de celui des dieux. Ils comptaient dix-sept mille ans depuis Hercule jusqu’à Amasis, et quinze mille depuis Bacchus. Pan avait encore précédé Hercule[2]. Evidemment ces gens-là prenaient pour historique quelque allégorie relative à la métaphysique panthéistique, qui faisait, à leur insu, la base de leur mythologie.
Ce n’est qu’à Séthos que commence, dans Hérodote, une histoire un peu raisonnable ; et, ce qu’il est important de remarquer, cette histoire commence par un fait concordant avec les annales hébraï-