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delà du Gange, et est revenu par la Scythie et le Tanaïs. Malheureusement ces noms de rois sont inconnus à tous les historiens précédens, et aucun des peuples qu’ils avaient conquis n’en a conservé le moindre souvenir. Quant aux dieux et aux héros, selon Diodore, ils ont régné dix-huit mille ans, et les souverains humains quinze mille : quatre cent soixante-dix rois avaient été égyptiens, quatre éthiopiens, sans compter les Perses et les Macédoniens. Les contes dont le tout est entremêlé ne le cèdent point d’ailleurs en puérilité à ceux d’Hérodote.

L’an 18 de Jésus-Christ, Germanicus, neveu de Tibère, attiré par le désir de connaître les antiquités de cette terre célèbre, se rendit en Égypte, au risque de déplaire à un prince aussi soupçonneux que son oncle : il remonta le Nil jusqu’à Thèbes. Ce ne fut plus Sésostris ni Osymandias dont les prêtres lui parlèrent comme d’un conquérant, mais Rhamsès. A la tête de sept cent mille hommes il avait envahi la Libye, l’Ethiopie, la Médie, la Perse, la Bactriane, la Scythie, l’Asie mineure et la Syrie[1].

Enfin, dans le fameux article de Pline sur les obélisques[2], on trouve encore des noms de rois que l’on ne voit point ailleurs : Sothiès, Mnevis, Zmarreus, Eraphius, Mestirès, un Semenpserteus, contemporain de Pythagore, etc. Un Rhamisès, que l’on pourrait croire le même que Rhamsès, y est fait contemporain du siège de Troie.

Je n’ignore pas que l’on a essayé de concilier ces listes, en supposant que les rois ont porté plusieurs noms. Pour moi, qui ne considère pas seulement la contradiction de ces divers récits, mais qui suis frappé par dessus tout de ce mélange de faits réels attestés par

  1. Tacit., Annal., lib. II, cap. IX.
    N. B. D’après l’interprétation qu’Ammien nous a conservée, lib. XVII, cap. IX, des hiéroglyphes de l’obélisque de Thèbes, qui est aujourd’hui à Rome sur la place de Saint-Jean de Latran, il paraît qu’un Rhamestès y était qualifié, à la manière orientale, de seigneur de la terre habitable, et que l’histoire faite à Germanicus n’était qu’un commentaire de cette inscription.
  2. Pline, lib. XXXVI, cap. VIII, IX, X, XI.