Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


APPENDICE

AU

DISCOURS SUR LES RÉVOLUTIONS

DE LA SURFACE DU GLOBE.

Séparateur


DÉTERMINATION DES OISEAUX NOMMÉS IBIS PAR LES ANCIENS ÉGYPTIENS.

TOUT le monde a entendu parler de l’ibis, de cet oiseau à qui les anciens Egyptiens rendaient un culte religieux, qu’ils élevaient dans l’enceinte de leurs temples, qu’ils laissaient errer librement dans leurs villes, dont le meurtrier, même involontaire, était puni de mort[1], qu’ils embaumaient avec autant de soin que leurs propres parens ; de cet oiseau auquel ils attribuaient une pureté virginale, un attachement inviolable à leur pays dont il était l’emblème, attachement tel qu’il se laissait mourir de faim quand on voulait le transporter ailleurs ; de cet oiseau qui avait assez d’instinct pour connaître le cours et le décours de la lune, et pour régler en conséquence la quantité de sa nourriture journalière et le développement de ses petits ; qui arrêtait aux frontières de l'Égypte les serpens qui auraient porté la destruction dans cette terre sacrée[2], et qui leur inspirait tant de frayeur, qu’ils en redoutaient jusqu’aux plumes[3] ; de cet oiseau enfin dont les dieux auraient pris la figure s’ils eussent été forcés d’en adopter une mortelle, et dans lequel Mercure s’était
  1. Hérod., I. 2.
  2. Ælian, lib., 2, cap. XXXV et XXXVIII.
  3. Ibid., lib. I, cap. XXXVIII.