Page:Documents relatifs à l’extension des limites de Paris.djvu/10

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Un fait qui ne peut être contesté, c’est que, malgré le zèle et l’initiative intelligente des administrations locales, la plupart des services communaux de la zone suburbaine sont incomplètement dotés. En dehors des routes impériales et départementales, la voie publique est mal pavée, souvent pas du tout. Couverte de fange en temps d’humidité, de poussière en temps de sécheresse, elle accuse l’absence de toute organisation régulière du balayage et surtout de l’arrosage publics. L’eau circule sous quelques rues seulement dans des tuyaux de petit diamètre qui, après avoir desservi des concessions particulières, ne dispensent qu’un filet avare aux orifices d’assainissement ou d’incendie. Le gaz se montre à peine le long des principales voies et laisse dans une obscurité dangereuse les ruelles et les impasses. Les églises les plus nécessaires ne s’élèvent que par des moyens héroïques, ou demeurent éternellement en projet. Les écoles manquent. L’assistance publique est aux abois.

Eh ! sait-on ce qu’il en peut coûter à la Ville de Paris pour étendre aux services des territoires annexés son régime et ses avantages ?

Des calculs faits avec la plus scrupuleuse exactitude établissent que la dépense annuelle, y compris l’intérêt des dettes que la Ville doit prendre à sa charge, ne peut être inférieure à 12,350,000 fr. Or, les accroissements de recettes, en supposant que la plus value future de l’octroi ne laisse pas de mécompte, s’élèveront à 12,411,571 fr. c’est-à-dire que la recette et la dépense ordinaires se balanceront à 60,000 fr. près, et que, pour l’exécution des travaux extraordinaires que réclame la zone annexée, c’est avec la dotation actuelle des travaux publics de Paris qu’on y pourvoira.

Ce n’est donc pas en vue d’ajouter aux ressources de la Ville de Paris que l’annexion est proposée. Elle n’aurait pas ce résultat. La Ville de Paris d’ailleurs n’a nul besoin de recourir à la conquête des contribuables de la banlieue pour accomplir ses obligations. Ses finances n’ont pas d’insuffisance à couvrir. Si une objection sérieuse contre l’annexion pouvait s’élever quelque part, ce serait au sein du Conseil municipal de Paris.

Mais ce Conseil songera que si la mesure était ajournée, le mal présent s’aggraverait ; les constructions se multiplieraient sans règle fixe, et le dédale existant deviendrait inextricable la surveillance faisant défaut, au milieu de populations mobiles, agglomérées sans lien administratif puissant, les mœurs et les idées se pervertiraient ; un danger pour l’ordre public en sortirait peut-être, et la capitale de la France serait comme assiégée par des masses flottantes n’appartenant, à proprement parler, ni à Paris ni à la province. Oui, il faut que la Ville de Paris,