Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dix nouveaux florins ; quant à nous, nous pouvons bien être certains que nos poches ne les reverront pas de longtemps et que nous resterons à la maison. »

Le capitaine, dont le bon naturel s’était soutenu jusque-là, se sentit tout à coup déborder d’indignation :

« Que dites-vous là ? s’écria-t-il. Croyez-vous que je souffrirai que vous portiez la peine de ma négligence ? J’ai soixante guinées dans mon secrétaire à la maison.

— Oh ! je vous demande pardon, dit Karl vivement. »

Puis il ajouta, mais d’un ton hargneux :

« Je ne vois en effet d’autre moyen de sortir d’embarras que de retourner piteusement chez nous le ventre vide.

— Il y a quelque chose de mieux à faire que cela, suggéra le capitaine.

— Qu’est-ce que c’est ? s’écrièrent-ils tous.

— C’est de faire contre fortune bon cœur, et au lieu de nous lamenter, de nous en retourner, en chantant, comme des hommes supérieurs à la fortune, dit Peter, tournant sa belle figure franche vers ses camarades et fixant sur eux ses yeux bleus. Je le dis après Ben, et c’est à l’honneur du caractère anglais, Ben, seul, jusqu’ici a parlé sagement. »

L’attitude de Peter, à laquelle Poot et Ben avaient applaudi, redonna du courage aux autres.

« Hurrah pour le capitaine ! cria la troupe tout entière. Nous dînerons demain.

— Maintenant, camarades, ajouta Peter, nous pouvons bien nous figurer que Broek n’a pas son pareil au monde, et que nous sommes décidés à y être d’ici deux heures. Est-ce convenu ?

— Oui, oui ! crièrent-ils tous en courant vers le canal.

— Remettez les patins ! Êtes-vous prêts ? Venez, Jacob Poot, que je vous aide. Maintenant, une, deux, trois, partons ! »

Et les physionomies en quittant Haarlem étaient presque