Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/111

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Les cris de joie poussés par les écoliers arrivèrent jusqu’aux oreilles emmitouflées du beau Karl qui, sous la pression d’une colère intérieure, filait à toute vitesse vers Amsterdam. Un autre aurait fait immédiatement volte-face et serait accouru pour satisfaire sa curiosité. Mais Karl se contenta de s’arrêter, et restant le dos tourné au reste de la société, il se demanda ce qui avait bien pu arriver. Il demeura donc ainsi sans bouger jusqu’au moment où il eut fait la réflexion que rien, si ce n’est la perspective inattendue d’un bon repas, n’avait pu faire pousser à ses camarades de si joyeux hurrahs. Il daigna alors se retourner, mais par dignité il se contenta de patiner lentement pour les rejoindre.

Pendant ce temps, Peter avait attiré Hans un peu à l’écart.

« Comment avez-vous deviné, mon cher Hans, que cette bourse était ma bourse ? lui demanda-t-il.

— Vous vous rappelez que vous m’avez donné trois florins hier, monsieur, pour la chaîne de bois blanc que vous m’avez commandée, et que vous m’avez conseillé d’acheter des patins avec.

— Oui, je me le rappelle.

— Eh bien ! c’est pendant que vous tiriez ces trois guilders de votre bourse, que j’ai remarqué qu’elle était de cuir jaune.

— Et où l’avez-vous trouvée aujourd’hui ?

— J’ai quitté la maison en grande peine, ce matin, monsieur, et je patinais sans faire attention à rien, lorsque je buttai contre quelque chose qui me fit tomber tout de mon long. Comme je me frottais les genoux en me relevant, j’aperçus un objet jaune ; c’était votre bourse qui disparaissait presque sous une planche qui provenait peut-être du débris d’un vieux bateau enfermé dans les glaces.

— Ah ! je me rappelle l’endroit à présent ! Comme nous passions auprès de ce vieux bateau, j’ai tiré mon cache-nez