Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/129

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Un regard plein d’amour et exempt d’inquiétude se posa, pour un instant, sur l’enfant :

« Vous vous calomniez, ma chérie, la fatigue surexcite vos pensées, calmez-vous. Calmez-vous. Vous pourriez éveiller le père. »

Gretel cacha sa figure sur les genoux de sa mère et tâcha de ne plus pleurer.

Sa petite main brune et fluette reposait dans celle plus rude de sa mère, durcie qu’elle était par des années de constant labeur. Rychie aurait frissonné au contact de l’une ou de l’autre. Cependant, que l’étreinte réciproque de ces deux mains était tendre ! Après un long silence, le visage de Gretel, à bout de forces sans doute, prit cet air dur, presque cruel dont l’excès de la souffrance marque parfois le front des enfants vraiment misérables, et d’une voix où tremblait une sorte de colère :

« Le père a essayé de vous brûler, mère. Oui, oui, il l’a fait — je l’ai vu — et il riait !

— Chut ! enfant ! »

La mère prononça ces paroles si vivement et d’une voix si ferme, que Raff Brinker, tout mort qu’il était à ce qui se passait autour de lui, se tordit légèrement sur son lit.

Gretel ne dit plus rien et se mit à effiler distraitement les bords d’une déchirure à la robe des dimanches de sa mère. C’était l’endroit qui avait été brûlé. Heureusement pour dame Brinker, cette robe était en laine.


Rafraîchis et reposés, nos jeunes gens sortirent du café au moment où la grosse horloge de St-Bavon sonnait trois coups, à la façon hollandaise, pour indiquer qu’il était trois heures et demie.

Peter était absorbé dans ses pensées, car la triste histoire de Hans résonnait encore à ses oreilles. Il ne reprit son poste de brave conducteur de la bande joyeuse que