Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/216

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Il se plongea de nouveau dans les profondeurs mystérieuses du latin.

« Mais, mynheer, fit l’étudiant avec une insistance modeste, – il savait que l’esprit du docteur ne reviendrait pas de longtemps à la surface si on ne le tirait tout de suite de son milieu favori, – mynheer, vous avez d’autres visites à faire aujourd’hui : une jambe à couper dans Amsterdam, un œil à sauver à Broek et une épaule à remettre sur le canal.

— La jambe peut attendre, dit le docteur en réfléchissant ; voilà encore un singulier cas, un cas splendide ! »

Le docteur avait fini par parler tout haut. Il avait complètement oublié où il se trouvait.

Vollenhaven fit encore un effort :

« Et ce pauvre homme couché sur ce lit là-bas, mynheer, pensez-vous que vous puissiez le sauver ?

— Ah ! oui certainement ! balbutia le docteur, s’apercevant tout à coup qu’il s’était un peu éloigné du sujet qui l’avait amené ; certainement. C’est-à-dire : je l’espère !

— Si quelqu’un en Hollande peut le faire, c’est vous, mynheer, » fit l’étudiant.

Le docteur prit un air fâché. Il détestait les compliments. Il engagea son élève à moins parler, et fit signe à Hans de s’approcher.

Cet homme étrange ne pouvait souffrir de converser avec les femmes, surtout lorsqu’il s’agissait de chirurgie.

« On ne peut jamais savoir au juste, disait-il, à quel moment ces créatures vont pousser des cris de terreur et se trouver mal. » Il expliqua donc à Hans le cas où se trouvait Raff Brinker, et lui dit ce qu’il croyait nécessaire de faire pour le sauver.

Hans l’écouta attentivement, rougissant et pâlissant tour à tour, et tournant vers le lit des regards pleins d’anxiété.