Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/240

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mynheer. Il ne sera pas longtemps. Le docteur veut-il s’asseoir ? »

Soit que le tabouret dur et poli qui lui fut offert ne le tentât pas ou que la dame Brinker elle-même lui fît peur, parce qu’une expression de tristesse inquiète s’était glissée sur son visage, l’excentrique docteur jeta autour de lui des regards embarrassés et ne voulut pas s’asseoir. Il marmotta quelque chose comme ceci : « Le cas est extraordinaire, » puis salua et disparut avant que dame Brinker eût le temps d’ajouter une parole.

Il était étrange que la visite de leur bienfaiteur eût jeté une ombre dans la cabane : il en fut ainsi cependant. Gretel fronçait le sourcil et pétrissait le pain d’un mouvement violent. Dame Brinker courut au lit de son mari, se pencha sur lui et se mit à pleurer silencieusement.

Hans ne tarda pas à rentrer.

« Eh bien, mère, dit-il d’un ton alarmé, qu’as-tu ? Est-ce que le père va plus mal ? »

Elle tourna vers lui son visage tremblant d’émotion, sans essayer de cacher sa détresse.

« Oui. Il meurt de faim. Le meester l’a dit. »

Hans pâlit.

« Qu’est-ce que cela signifie, mère ? Il faut lui donner à manger tout de suite. Gretel, Gretel, apportez-moi le gruau.

— Non, non ! cria la mère à moitié folle, mais sans élever la voix, cela pourrait le tuer ; notre pauvre nourriture est trop pesante pour lui. Oh ! Hans ! il mourra ! le père mourra si nous le traitons ainsi. Il faut qu’il ait de la viande, du vin doux et un édredon. Oh ! Que faire ? que faire ? ajouta-t-elle en sanglotant et en se tordant les mains. Il n’y a pas un stiver à la maison ! »

Les larmes de Gretel coulaient une à une dans la pâte.