Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avant d’en avoir goûté. Il semblait à Hans que ses patins criaient comme ils ne l’avaient jamais fait. C’est tout au plus s’il pouvait avancer avec ces vieilles machines informes ; cependant ce qu’il regrettait, ce n’était pas de s’être séparé de ceux qu’avait emportés Annie, c’était seulement de n’avoir pu les garder quelques jours de plus, jusqu’après la course, du moins. Mais ce regret fut vite étouffé.

« Mère ne sera sûrement pas fâchée, pensa-t-il, que je les aie vendus sans sa permission. Elle a eu tant d’ennuis, faute d’argent. Je ne le lui dirai qu’en lui remettant ce qu’Annie m’en donnera. »

Hans parcourut ce jour-là les rues d’Amsterdam en tous sens pour chercher de l’ouvrage. Il réussit à gagner quelques cents en aidant un homme qui conduisait des mules chargées de marchandises ; mais il ne put se procurer d’ouvrage nulle part. Quelques marchands venaient tout justement de donner à un autre le travail qui lui aurait convenu ; d’autres lui avaient dit de revenir dans un mois ou deux, lorsque les canaux seraient libres ; la plupart secouaient la tête sans lui répondre.

Il n’eut pas plus de chance avec les factoreries. Il lui semblait que ces grands établissements, d’où sortaient de si énormes quantités de laines, de cotons, de toiles ; des teintures, des étoffes imprimées renommées dans le monde entier, des diamants précieux y entrant à l’état brut et en sortant merveilleusement taillés ; des provisions monstres de farines, de briques, de verre ou de porcelaine, il lui semblait, dis-je, qu’un jeune homme aux bras solides, capable et désireux de travailler, ne pouvait pas manquer de trouver, au moins dans l’une d’elles, quelque chose à faire. Mais non ! partout la même réponse : « Nous n’avons besoin de personne en ce moment. » S’il était venu avant la Saint-Nicolas, on aurait pu l’occuper, car on