Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/101

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celui qu’il visait, il n’attrapa que tes branches des arbres, à cause d’un chicot qui le fit culbuter, s’étant relevé avec promptitude, il s’enfuit de son mieux, mais il fut poursuivi si vivement qu’enfin il fut atteint, environné et pris ; d’abord qu’on eut cette fâcheuse nouvelle au Montréal, on envoya du monde après les Iroquois, mais ne les ayant pas trouvés, ou fut obligé de revenir ici, on ne faisait aucun doute qu’il ne fut très cruellement brûlé à cause que jusqu’alors, ils avaient fait leurs efforts, tant par trahison que par force ouverte afin de l’attraper et de satisfaire par lit à la dévotion de leurs vieillards qui, depuis plusieurs années amassaient de temps en temps de bois pour le brûler, faisant toutes ces sottises devant eux afin du les animer à en faire capture ; que s’il a réchappé, ce fut parcequ’il leur dit étant parmi eux : — “Ma mort sera bien vengée, je t’ai souvent menacé qu’il viendrait ici quantité de soldats Français lesquels iraient chez toi te brûler en tes villages, ils arrivent maintenant à Québec, j’en ai des nouvelles assurées.” Cela leur fit peur et les obligea à le conserver afin de moyenner leur accomodement pour lequel sujet, il le ramenèrent l’automne sans lui faire aucun mal, il est vrai que cela a été considéré comme un petit miracle à cause de la haine qu’ils lui portaient, aussi on peut dire que sa femme dont la vertu est ici un rare exemple peut bien avoir contribué tant par sa piété que par ses vœux pour cette délivrance si peu attendue ; mais venons à l’arrivée des navires afin de dire un mot de ce grand monde qui vient cette année au Montréal afin d’annoncer avec ingénuité que si la joie en fut extrême à cause de la bonté que le roi a eu d’y faire briller ses armes victorieuses et de rendre désormais libre le passage de la mer aux lévites de J. C. qui la voudraient traverser, afin de venir en ces lieux desservir l’arche de notre nouvelle alliance. Toutefois ces joies dans les plus éclairés furent détrempées de beaucoup d’amertume, lorsqu’ils virent M. de Maison-Neufve, leur père et très-cher gouverneur les quitter cette fois tout de bon, et les laisser dans d’autres mains, dont ils ne devaient pas espérer le même dégagement, le même amour et la même fidélité pour l’éloignement des vices qui y ont pris en effet, depuis ce temps, leurs maisons et leur accroissement avec beaucoup d’autres misères et disgrâces, lesquelles n’avaient point paru jusqu’alors à ce point qu’on a vu depuis.