Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant les guerres et qui m’aient obéi.” L’été d’après, on fit une seconde entreprise contre les Iroquois où M. de Jurel eut le commandement dans lequel parti, il fut assisté d’environ 50 Montréalistes quoiqu’il n’eut environ que 200 Français. M. de Tracy allant pendant l’automne en guerre contre les mémés ennemis, il eut 110 habitants du Montréal auxquels il accorda le même honneur, allant chez les ennemis, les faisant marcher assez loin devant jusqu’à la vue des villages ennemis, bravant les plus grands périls qu’on pouvait encourir. M. Lemoine eut l’honneur pareillement d’être capitaine des habitants en cette occasion et M. de Bellestre celui d’être lieutenant ; outre cette compagnie, nous avions encore trois autres Montréalistes, trois qui étaient près de M. de Courcelle ou de certains capitaines, lesquels étaient leurs amis particuliers, ces trois étaient M. Daillebout, M. du Homeny et M. de St André ; quand à M. Daillebout, il ne vint pas jusqu’au pays pour une morsure d’ours qui l’en empêcha, quant à M. du Homeny, il vint non-seulement en ce voyage mais encore en celui de l’hiver fait par M. de Courcelle, où il pensa périr et aussi en celui de M. de Sorel. La troupe de MM. les habitants de Montréal dans l’expédition de M. de Tracy se peut encore grossir par la venue d’un prêtre du Séminaire de St. Sulpice, lequel étant arrivé cette année là de France 5 ou 6 jours devant cette expédition, y assista selon son ministère, ainsi que la relation du Canada le manifeste, sous le nom de M. Colson ; au reste, ce prêtre fit un bon noviciat d’abstinence sous un certain capitaine qui peut-être appelé le grand maitre du Jeune, du moins cet officier aurait pu servir de père maitre en ce point chez les pères du désert : (M. l’abbé Dubois devait faire pour) M. l’abbé Dubois qui était de cette confrérie y pensa mourir absolument pour le même sujet. Pour l’éclésiastique de St. Sulpice, il était d’une complexion plus forte, mais ce qui l’affaiblissait beaucoup, c’étaient les confessions de nuit, travaux spirituels qu’il fallait faire tandis que les autres dormaient, ce qui fit qu’il ne put jamais sauver un homme qui se noyait devant lui, ce qu’il eut fait aisément sans cette grande faiblesse et que un affronteur de cordonnier l’avais mis nu-pieds pour une méchante paire de souliers qui n’avaient plus que le dessus, ce qu’étant bien rude surtout en ce lieu là à cause des pierres aiguës dont l’eau et le rivage sont pavés, ces choses l’ayant rendu paresseux, quand ce fut à l’extrémité et qu’il se fut déshabillé pour se jeter à la nage, il n’en était plus temps, ce qui n’empêche pas que sa tentative en eut une bonne récompense, parceque cet homme étant en quelque façon aux RR. PP. Jésuites, un des pères de la compagnie l’ayant remercié de ce qu’il avait voulu faire, il lui répondit que la faiblesse de la faim