Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/97

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voyant cette lacheté, à coups de pieds, de poings, rejeta le pauvre soldat dans sa redoute et le secoua tellement en ce moment qu’il le tint, qu’il lui fit revenir son cœur, lequel commentait déjà à s’exhaler. M. Debeletre entendant ce choc sort an plus vite de Ste. Marie avec tout ce qu’il peut de monde pour soustraire les attaqués, par les chemins, il rencontra ceux qui venaient du travail dont une partie fuyait et l’autre partie retournait à ses camarades pour les défendre, mais ils firent honte aux fuyards et tous allèrent à la compagnie avec bonne intention et diligence à ces 4 assaillis qui encore que le lieu fut près, avaient déjà essuyé deux ou trois cents coups de fusil avant leur arrivée ; quand le monde de Ste. Marie fut venu, on commença à répondre aux ennemis et à leur faire voir que nous savions mieux tirer qu’eux, car en toutes leurs décharges, ils ne firent autre chose sinon que couper le fusil de M. Rouillé en deux avec une balle et nos Français trouvèrent bien le secret de les atteindre, ce qu’ils eussent fait encore plus heureusement sans que ces misérables apercevant qu’on les coupait, ils s’enfuirent au plus vite dans les bois avec plusieurs blessés dont un mourut peu après de ses blessures, au reste, on tira tant dans cette attaque qu’on croyait que tout fut pris lorsque du Montréal on vint au secours ; mais or. trouva le contraire, car les ennemis avaient été bien vigoureusement repoussés ; au reste,la providence fut grande à l’égard d’un prêtre de ce lieu qui agit tout le jour autour de cette embuscade, venant à deux ou trois enjambées près, sans que pour cela personne branla ; on voulut allumer des feux qui eussent été favorables aux ennemis pour la fumée, laquelle venant de leur côté leur avait donné lieu de surprendre tous les Français sans en être vu, mais N. S. permit que le bois se trouva si mal disposé pour brûler qu’à la fin on l’abandonna. Plusieurs autres fois on a eu encore lieu de remarquer le bonheur de cette maison ; une fois entre autres les ennemis y étant venus de nuit et ayant dressé une embuscade à la porte, M. de Lavigne qui demeurait lors à cette maison se levant pour quelque nécessité regarda debors et voyant ces traîtres venir, il en avertit un chacun et on eut le plaisir de les voir se placer au clair de la lune, où le lendemain on les débusqua, et ceux qui voulaient prendre furent pris ou faits prisonniers au nombre de 15 ou 16 qu’ils étaient. Ainsi Dieu a toujours ôté favorable à cette maison dans toutes les autres occasions, tant dans cette année que dans les autres.

Il y a bien eu d’autres attaques au Montréal pendant ce temps-là, et il y a bien eu quelques Français de tués en différentes rencontres ; mais comme ces actions n’ont pas été fort considérables, je ne me crois pas aussi obligé d’en rechercher les détails.