Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/21

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peu de ſolidité a ce ſol, qui ſe trouve encore lié par les racines nombreuſes des arbres qui pouſſent a ſa ſurface. Ces racines pénétrent très profondément, pour aller chercher l’humidité, que conſerve toujours la partie inferieure de ce ſable.

Cette partie de la Calabre eſt aroſée par les eaux des montagnes ſuperieures, qui ſont tres abondantes pendant l’hyver & le printems, & qui, après les pluies & la fonte des neiges, ſe précipitent par torrents dans la plaine. Elles entrainent alors tout ce qu’elles trouvent ſur leur paſſage, & lorſqu’elles ont commencé a ouvrir un ſillon dans la terre végétale, elles approfondiſſent aiſément leurs lits dans un ſol qui ne préſente plus aucune réſiſtance. Elles creuſent ainſi des gorges d’une profondeur extrême, quelquefois de ſix cents pieds. Mais leurs encaiſſements reſtent toujours eſcarpés & preſque perpendiculaires ; parce que la couche ſuperieure, entrelaſsée de racines, retient les terres qui ſont au deſſous, & les empêche de s’ébouler pour prendre leur talus. Tout le pays eſt donc ſillonné & coupé par des ravins, plus ou moins larges & profonds, ou coulent de petites rivieres, dont les eaux ſe reuniſſent, pour former les deux fleuves metramo & petrace. Ces fleuves débouchent dans la mer a peu de diſtance l’un de l’autre, apres avoir traverſé la partie inferieure de la plaine, dont leurs attériſſements ont augmenté & augmentent encore journellement l’étendue, comme on peut l’obſerver a leur embouchure. Leurs rives qui ſont de la plus grande fertilité & qui ſont ſuſceptibles d’être aroſées, ne ſont pas cependant la partie la plus cultivée de ce

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