Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant par la grande épaiſſeur des murs, que par la nature du mortier, qui avoit lié le tout au point d’en faire une maſſe auſſi ſolide qu’un rocher ; elle a été renverſée, & en tombant, elle s’eſt briſée en pluſieurs gros blocs, qui étonnent par leur volume & leur dureté. Un de ces blocs contient un eſcalier tout entier. Il ſemble ici, que la terre ait voulu vomir de ſon ſein, les fondemens même des maiſons.

En allant de Polistena a Casal novo diſtant de deux lieues, on paſſe le fleuve Vaccari, qui a creuſé ſon lit, dans un ſol tout de ſable ; il y a une ſource d’eau ſulphureuſe froide, qui ſe jette dans le fleuve a peu de diſtance de Polistena ; cette ſource fut très abondante le 5. Fevrier & jours ſuivants ; ſon odeur étoit auſſi plus forte ; mais elle reprit peu a peu ſon état naturel. Dans la campagne que traverſe ce fleuve, & ſur ſes bords, il y eut pluſieurs ſources jailliſſantes, lors de la premiere ſecouſſe.

Casalnovo, joli bourg, ſitué dans une plaine agréable, au pied de la montagne, avec des rues larges & allignées, & des maiſons baſſes 44.1, a été entierement raſé ; il n’y reſte pas pierre ſur pierre. Tout a été mis de niveau avec le ſol. Ce bourg avoit été bâti après les tremblemens de terre de 1638, qui dévaſterent la Calabre. On avoit pris toutes les précautions, qu’on avoit pu imaginer, pour lui faire

éviter



44.1. L’aſpect de Casalnovo étoit charmant, vû a une certaine diſtance. Au coin de chaque maiſon, on avoit planté un arbre & un ſep de vigne, qui donnoient de l’ombre ; les rues paroiſſoient des allées de jardin.