Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/46

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me fertilité 46.1. Cette Ville jouiſoit d’un bon air, d’une belle vue, & avoit des eaux excellentes. La poſition, qui lui avait procuré tous ces avantages lui a fait éprouver une deſtruction dont les détails font frémir. Une partie du ſol s’éboula, & en coulant juſqu’au bord du fleuve maro, il entraina avec lui les maiſons qui étoient deſſus. Leurs débris en pierres & charpentes, melés avec le ſable du corps de la montagne, couvrent un eſpece conſiderable de la vallée, que dominoit la Ville. Dans la partie opofée, la montagne ſ’eſt ouverte, par une fente perpendiculaire, dans toute ſa hauteur ; une portion s’eſt détachée & eſt allée tomber tout d’un bloc, en s’appuyant ſur le coté ; tel un livre, qui s’ouvre par le milieu & dont une moitié reſte ſur le dos, pendant que l’autre ſe couche ſur le plat. La ſurface ſuperieure, ou il y avoit des maiſons & des arbres, ſe trouve dans une poſition verticale. On ſe doute bien que de ces maiſons, il n’en reſte pas veſtiges ; mais les arbres ont peu ſouffert. Au moment ou ſe forma cette fente, & ou la montagne ſe détacha, toutes les maiſons qui étoient placées immédiatement au deſſus ſe précipiterent perpendiculairement, a plus de trois cent pieds de profondeur, & de leurs débris elles remplirent le fond de cette ouverture. Cependant les habitans ne périrent pas tous ; la diference de gravité fit arriver


en


46.1. Nulle part je n’ai vû de plus grands oliviers ; ils reſſemblent a des arbres de haute futaie, plantés en quinconce ; ils forment des bois ſuperbes , auſſi ſombres & auſſi couverts que les forefts de chefnes. On notoye, & l’on bât le terrein au pied de chaque arbre, pour y former une efpece d’hairre circulaire, dans la quelle tombent les olives. La quantité en eſt ſi grande, qu’on les recueille avec des balays.