Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/50

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Je ne parlerai pas de tous les petits villages, dont on rencontre les ruines, a chaque pas que l’on fait, par ce qu’elles ne preſentent rien d’intereſſant.

Opido, Ville Epiſcopale, aſſez conſiderable, étoit placée ſur le ſommet d’une montagne iſolée, ou plutôt ſur un plateau, au niveau des plaines d’alentour, dont il paroit qu’il faiſoit anciennement partie, mais dont les eaux l’ont abſolument détaché, en formant tout au tour des gorges proſondes. L’acces de la Ville étoit très difficile a cauſe des pentes rapides & des eſcarpemens qui l’entourroient. Cependant ſur ces mêmes pentes & eſcarpemens, ſe ſont établis des arbres & des arbriſſeaux, qui enveloppent la montagne d’une ceinture de bois dont les racines entrecroiſées donnent une eſpece de ſolidité a ce maſſiſ, qui par lui même n’en a aucune : car il n’eſt compoſé que de ſable, d’argille, & de fragmens de corps marins ; le tout ſemblable a ce qui forme l’interieur des coteaux opoſés.

La Ville a été entierement raſée ; il n’y eſt pas reſté ſur pied un ſeul pan de mur. Une portion de l’extremité du plateau, ſur la quelle étoit ſitué un chateau fort, eſpece de Citadelle avec quatre baſtions, s’eſt écroulée & a entrainé avec elle, dans la gorge inſerieure, deux baſtions. C’eſt le ſeul éboulement que la montagne ait éprouvé ; le reſte s’eſt conſervé dans ſon entier, malgré ſes eſcarpemens, ſoutenu vraiſemblablement par la ceinture de bois & de brouiſſailles qui l’environne 50.1.
Si


50.1. Qui pourroit croire que les habitans d’opido, après la deſtruction de leur Ville, & après les deſaſtres de toute eſpece,

qu’ils