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ACTE PREMIER.


D

Om François ſenſiblement affligé de l’Apoſtaſie de Conſtantin, ſe ſeroit retiré de la Cour, 2. ſi ſes deux autres Fils ne luy euſſent repreſenté que par ſon éloignement il s’alloit âtirer le reproche de n’avoir point aſſez de courage pour ſoûtenir vigoureuſement la querelle de JÉSUS-CHRIST : 3. Céte penſée l’arrête, & le porte à tenter toutes les voyes imaginables pour ramener le deſerteur au gyron de l’Égliſe. 4. Il le va trouver dans ce deſſein ; mais Arimando luy défend l’entrée du Palais, & l’oblige ; malgré qu’il en ait, de s’en retourner ſur ſes pas. Saxuma avoit inſtruit ce jeune Prince d’en uſer de la ſorte, de peur que le grand pouvoir que le Pere avoit ſur l’eſprit du Fils, ne l’ébranlat, & ne l’engageat à reprendre enfin le parti des Chrétiens. 5. Pour joüer à coup ſeur, ils convinrent enſemble de prevenir Conſtantin, & de luy faire accroire que ſon Pere ſe repentoit d’avoir quitté la Couronne, ne doutant pas, que, comme il en étoit extrémement jaloux, il ne donnat d’abord dans le panneau.

ACTE SECOND.


COnſtantin declare à ſon Fils, que, quelque promeſſe qu’il ait faite à Saxuma de bannir tous les Chrétiens du Royaume, il veut neanmoins retenir ſon Pere à la Cour, & ordonne en même temps à ſon Frere de le ſupplier de s’y en venir au plûtôt. 2. Tandis que celuy-cy execute ces ordres avec joye ; l’autre frappé d’un changement ſi ſoudain, court en avertir l’Ambaſſadeur ; Le Roy en uſoit ainſi, pour découvrir la verité des rapports qu’on luy avoit faits de ſon Pere ; & pour y reüſſir avec plus de ſûreté, il a recours à la diſſimulation. 3. Dés auſſitôt qu’il l’apperçoit venir, il luy va au devant, ſe jette à ſes pieds, & feint d’avoir un regret ſenſible de ſon infidelité. 4. Saxuma arrivant là deſſus, & voyant les embraſſemens reciproques du Pere & du Fils, proteſte hautement qu’il ſe vangera de l’inconſtance de ce Prince ; & s’adreſſant à Ari-