Page:Dorat - Les Baisers, 1770.djvu/73

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Elle y porte la main, avec feu les respire,
En humecte sa bouche, et croit dans son délire,
Ne baisant que des fleurs, caresser son amant.

Vous eussiez vu les roses enflammées
Sous les caresses de Cypris,
Épanouir leurs feuilles animées
C’est de là que leur vient leur tendre coloris.
Autant de baisers que de roses.
Rivale des zéphyrs légers,
Vénus en donne tant de ses lèvres mi-closes,
Que les roses bientôt vont manquer aux baisers.
Sa moisson faite, elle s’envole ;
Ses cygnes éclatans l’emportent dans les airs,
En longs sillons d’azur devant-elle entr’ouverts,
Elle impose silence aux fiers enfans d’éole,
Et les beaux jours naissent pour l’univers.
Du haut des cieux que son haleine épure,
Où son char d’or lui trace un lumineux chemin,
Vénus sourit, et, le front plus serein,
Va semant les baisers sur toute la nature :