Page:Dorgelès - Les Croix de bois.djvu/153

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autour du pont de pierre, que les Boches cherchaient, il ne restait qu’un bouleversement de gravats et de poutres broyées, autour d’un grand toit rouge intact que les obus n’avaient pas vu. Pourtant, par les trous des soupiraux, on entendait brailler. Il se pencha et demanda :

— Le Café de la Marine ?

— À côté… Il y a une cage à la porte.

D’un coup d’oeil circulaire il chercha, mais ne vit rien. Des schrapnells ayant éclaté au-dessus de l’église – deux coups cuivrés – il s’énerva : « Il n’y a pas de cage, bon Dieu ! »

Les éclats passèrent, en jurant, et rebondirent sur les tuiles, comme des grêlons. Il se redressa et aussitôt tendit l’oreille.

— Ah ! ils sont là…

Il venait de reconnaître la voix de Sulphart, qui devait s’expliquer amicalement avec Lemoine.

— Quoi ! vociférait-il, mais, pauvre croquant, tu marchais à quatre pattes que j’avais déjà des vernis.

Guidé par ces clameurs, Demachy chercha l’escalier et s’y jeta. En effet, à l’entrée, une grande volière était posée, et un maigre corbeau hérissé se tenait dans un coin, son long bec dans ses plumes, observant le désastre d’un œil rond.

C’était au sujet de l’oiseau qu’on se disputait, dans la cave du Café de la Marine, où notre section attendait la relève, n’ayant fait que trois jours en première ligne.

— Demande-z-y voir à Demachy, brailla Sulphart en apercevant son ami dont le regard tâtonnait dans