Page:Dorgelès - Les Croix de bois.djvu/292

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— Je suis adjudant.

— Y a pas de honte…

— L’adjudant Rouget…

— Et moi, Vieublé, soldat de deuxième par protection, médaillé militaire et croix de guerre. Si les Boches n’aiment pas la lumière, je les em…

— Ah ! Vieublé qui est revenu, s’écria joyeusement Lemoine.

Nous nous faufilâmes vite jusqu’à son coin, où toujours accroupi, il écoutait sans bouger l’adjudant bon garçon lui adresser en guise de punition quelques observations dépareillées sur la prudence à observer en première ligne et le respect dû aux supérieurs, sans lequel « tout le monde commanderait, chacun ferait comme il voudrait et on serait autant fichu de faire la guerre qu’un troupeau de cochons. »

— Hé ! Vieublé, on ne dit pas bonjour aux copains ?

Le Parisien leva le nez et nous reconnut tout de suite.

— Ah ! les vieilles rosses… Ah ! si je suis content de vous retrouver… Je vous croyais tous morts ou évacués, les gars de la compagnie n’avaient pas été foutus de rien me dire… On est arrivé en renfort ce matin, on nous fout aux tranchecailles ce soir, tu parles s’ils ne perdent pas de temps… Ah ! je suis heureux. Et Sulphart ?

Des voisins grommelèrent.

— Pas si fort, eh c…

Vieublé se glissa derrière nous, jusqu’à notre coin de sape. Dans l’obscurité, dévisageant toutes les têtes, il cherchait les anciens.