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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/44

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VENGEANCE FATALE

Hortense, qui s’attendait à ouvrir la danse avec Louis, se trouva quelque peu désappointée. Comme ce dernier n’avait pas encore paru dans les salons, Edmond Marceau vint lui demander le premier quadrille et elle dut nécessairement le lui accorder. Ils avaient pour vis-à-vis Ernest et Mathilde,qui paraissait moins morne qu’à l’ordinaire.

La toilette des deux sœurs était exactement semblable.

Chacune avait une robe de soie rose ; ces robes qui avaient été faites par Madame Dennie, seyaient très-bien aux deux jeunes filles.

Hâtons-nous de dire que Mathilde ne le cédait guère à sa sœur en beauté. Plus grande qu’Hortense et plus svelte qu’elle, elle avait les traits moins réguliers que sa sœur, mais sa figure était empreinte de plus de majesté. Ses yeux pétillants d’esprit étaient noirs comme jais. Ses cheveux étaient de la même couleur et de même que Hortense était une très jolie blonde, on pouvait dire que Mathilde était une très jolie brune. Bref, il eût été difficile de faire un choix entre les deux sœurs sans faire revivre l’éternelle question de la brune et de la blonde. Mais finissons de décrire la toilettes de demoiselles Darcy. Une simple fleur ornait leur tête; pour bijoux toutes deux avaient une épingle et des pendants d’oreilles en or, sur lesquels étincelait aux rayons lumineux un solitaire très brillant.

— Mademoiselle, disait Edmond à Hortense, j’ai rarement vu une soirée, où les jolies toilettes soient aussi nombreuses que ce soir.

Ernest disait à Mathilde, qui de temps en temps