Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/170

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Mais c’est de la rébellion ! hurla-t-il en bondissant de sa chaise.

La générale bondit après lui en claquant des mains. Ce fut un incroyable remue-ménage. Mon oncle se précipita vers le coupable pour l’entraîner hors de la salle.

— Aux fers ! qu’on le mette aux fers ! criait la générale. Yégorouchka, expédie-le tout droit à la ville et qu’il soit soldat, ou tu n’auras pas ma bénédiction. Charge-le de fers et engage-le !

— C’est-à-dire ? criait Foma. Un esclave ! Un Chaldéen ! Un Hamlet ! Il ose m’insulter ! Lui, la semelle de mes chaussures, il ose me traiter de furie !

Je m’avançai avec décision en regardant Foma Fomitch dans le blanc des yeux et, tout tremblant d’émotion, je lui dis :

— J’avoue que je partage entièrement l’avis de Gavrilo !

Il fut tellement saisi par ma sortie qu’au premier abord il semblait n’en pas croire ses oreilles.

— Qu’est-ce encore ? vociféra-t-il avec rage, tombant en arrêt devant moi et me dévorant de ses petits yeux injectés de sang. Qui es-tu donc, toi ?

— Foma Fomitch… bredouilla mon oncle éperdu, c’est Sérioja, mon neveu…