Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/231

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se ferait qu’à toute extrémité et c’est dans ce cas que je compte sur vous.

— Encore un mot : vous n’avez parlé de votre projet à personne autre que moi ?

Mizintchikov se gratta la nuque avec une grimace mécontente.

— J’avoue, répondit-il que cette question m’est plus désagréable à avaler que la plus amère pilule. C’est justement que j’ai déjà dévoilé mon plan, oui, j’ai fait cette bêtise ! et à qui ? À Obnoskine. C’est à peine si je peux y croire moi-même. Je ne comprends pas comment ça a pu se produire. Il était toujours près de moi ; je ne le connaissais pas ; lorsque cette inspiration me fut venue, une fièvre s’empara de moi et, comme j’avais reconnu dès l’abord qu’il me fallait un allié, je me suis adressé à Obnoskine… C’est absolument impardonnable !

— Mais que vous répondit-il ?

— Il sauta là-dessus avec ravissement. Seulement, le lendemain matin, il avait disparu et il ne reparut que trois jours après, avec sa mère. Il ne me parle plus ; il fait plus : il m’évite. J’ai tout de suite compris de quoi il retournait. Sa mère est une fine mouche qui en a vu de toutes les couleurs (je l’ai connue autrefois). Il n’est pas douteux