Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/51

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pense du français ! Vous le parlez aussi ; sans doute ? ta-ta-ta-ta-ta !… — et Bakhtchéiev me considéra avec une indignation pleine de mépris.

— Vous êtes aussi un savant, n’est-ce pas, mon petit père ?

— Mon Dieu, je m’intéresse…

— Vous avez aussi tout étudié ?

— Oui… c’est-à-dire non… Pour le moment, j’observe les mœurs. Je suis resté trop longtemps à Pétersbourg et j’ai hâte d’arriver chez mon oncle…

— Qui vous pressait d’y venir ? Vous auriez mieux fait de rester dans votre coin, puisque vous en aviez un. Là, votre science ne vous servira de rien. Aucun oncle ne vous sauvera ; vous êtes fichu. Chez eux, j’ai maigri en vingt-quatre heures. Vous ne me croyez pas ? Je vois que vous ne croyez pas que j’ai maigri. Ce sera comme vous le voudrez, après tout !

— Mais je vous crois ; seulement, je ne puis encore comprendre, répondis-je, confus.

— Bon ! bon ! mais moi, je ne te crois pas. Vous ne valez pas cher tous tant que vous êtes avec votre science et j’en ai assez de vous autres ; j’en ai par-dessus la tête. Je me suis déjà rencontré avec vos Pétersbourgeois ; ce sont des inutiles. Ils